Saturday, July 3, 2010

Un monde secret


3 juillet 2010 – Ce qui me ramène ici? J’aime les grands espaces. J’aime rentrer a la ferme, retrouver un coin de pays, un coin de terre que je connais par cœur, ou chaque arbre, chaque recoin contient un souvenir, l’étang ou j’ai appris a patiner, l’arbre ou on avait notre treehouse, l’étable ou j’ai vu des veaux venir au monde, des champs ou j’ai ramassé des roches, passé le cultivateur, les herbes, arrosé, swathé, combiné, charrié le grain en camion. Des coins secrets ou j’ai ramassé des saskatoons avec ma famille, les chemins de terre ou j’ai marché, pédalé en vélo, passé en coup de vent en moto, en pick-up ou en tracteur. Les champs de la région ou j’ai swathé la luzerne pour l’usine de Parkland. Tellement de souvenirs, tant de morceaux qui remontent a ce coin de pays, beaucoup de bons souvenirs.

Quand je parle de Zénon dans mes spectacles, les gens sont toujours émerveillés qu’il se soient passés tant de choses ici. Pourtant, j’ai rien inventé… ou si peu… Je leur dis que le pere Ares était un haltérophile – un weight lifter – et que la moitié du village l’adorait… et que l’autre moitié pouvait pas le sentir! Je leur raconte que les vieux Davis vivaient comme des hermites sur une ferme dans les bois et qu’on chuchotait qu’ils étaient des hommes instruits et de riches héritiers, qu’ils se promenaient l’hiver avec des skis de fond faits de 2X4, que c’étaient des Anglais d’Angleterre mais qu’ils parlaient bien le français. Puis je leur parle de Zénon Chamberland et de son parc de baseball qui a donné son nom au village, de Toothill avec son camion orange et de Bill Hébert qui repeinturait les plaques d’immatriculation de son camion pour ne pas avoir a payer. Oui monsieur! Des personnages comme ça, ça ne court pas les rues… sauf a Zénon!

Je leur raconte les courses folles en auto et en ski-doo, la rivalité entre Zénon Park et le village voisin d’Arborfield, les exploits de mon père au hockey, les couchers de soleil a l’horizon… écran géant… dans cette région d’Amérique encore mal connue.


...


Le monde des souvenirs est assez étrange. Il fait appel aux 5 sens. Si on a habité au village, il y a le bruit de la famille, frères et sœurs, celui des voisins, celui du train qui passe, la sirène pendant la guerre, l’odeur de luzerne du plant d’alfalfa, le son de la cloche de l’église qui annonce les funérailles, les noces. Il y a dans nos bouches le goût de nos mets préférés, les desserts de nos mères.

Dans ce silo a souvenirs, l’odeur de luzerne et du pain frais qui sort du four.
Dans ce silo a souvenirs, l’autobus jaune tous les matins, la cour d’école et les amis. On vit comme peut, on fait de notre mieux, dans notre monde secret. On marche, on court, on fait l’amour, dans notre monde secret. On cherche a comprendre, comprendre qui on est, dans notre monde secret, dans notre monde secret. Parfois on y reste toute une vie dans notre monde secret.

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